La F.V.C.T.V.N.F. est particulièrement émue de la mort ce 10 mars 2020, à la toute fin de sa 80ème année, de Maitre Le Conte Vinh Long, Président d’honneur de la Fédération Vo Co Truyen Vietnam France.
Nous adressons à sa grande famille, en particulier à celle qui l’accompagnait chaque jour dans sa maladie depuis de longues années, à son école et à ses quelques amis proches, toute notre compassion, nos sincères condoléances, notre présence et notre amitié sans faille.
Maitre Le Conte, dont son livre s’intitulait « l’homme qui emporte son pays avec lui », est parti rejoindre la terre de ses ancêtres.
Il a contribué aux arts martiaux vietnamiens, au travers de différentes organisations, et notamment la FFVVD, hébergeant même à cette époque et à ses frais en son domicile, nombre de réfugiés vietnamiens, parmi lesquels de grands Maitres. Précurseur du mouvement mondial du Vo Co Truyen, il avait à l’aube des années 90 tissé les premiers liens avec les organisations vietnamiennes.
Il est, sinon « le », un des premiers Maitres d’occident à avoir obtenu le grade de Grand Maître au Vietnam.
Nous connaissons tous son implication et ses actions concrètes, car Maitre Le Conte était avant tout un homme d’action, en tant que dirigeant ou en travailleur essentiel dans l’ombre, et durant de très nombreuses années, au sein des grandes fédérations nationales d’arts martiaux vietnamiens.
Nous connaissons un peu moins son énorme investissement en faveur d’un art martial ouvert à tous, c’est-à-dire les personnes souffrant de handicap, et notamment de non voyance, mais aussi les personnes résidant dans des quartiers dits sensibles. Il l’affectionnait tout particulièrement, en secret.
C’est pourquoi, naturellement, la F.V.C.T.V.N.F. lui avait soumis d’en devenir le Président d’honneur dès sa création. La F.V.C.T.V.N.F. est fière de Maitre Le Conte, qui a rempli ses fonctions, en prenant garde de ne pas interférer sur les décisions, mais d’apporter un regard bienveillant et constructif. De son côté, Maitre Le Conte appréciait de contribuer à la F.V.C.T.V.N.F. au travers d’un large panel d’écoles d’arts martiaux vietnamiens.
Il a transmis à son école une partie de l’enseignement du grand Maitre Nguyen Trung Hoa, notamment un poème, sa vision de l’art martial, son sens du combat, et différents quyên. Il a légué un livre technique, poétique et culturel, et un programme d’enseignement et des recherches très abouties. Mais aussi sa créativité et en cela sa contribution aux arts martiaux vietnamiens, puisqu’il a créé près d’une dizaine de quyên, arme et mains nues. Plus que cela, son respect sans faille des autres et des organisations tierces, son auto dérision, son humilité, sa bonne humeur constante, son travail acharné.
Maitre Le Conte a voué une amitié indéfectible a de nombreux autres Maitres, parfois jusqu’à leurs derniers instants, en France et au Vietnam.
Ses élèves, anciens qui l’ont suivi jusqu’au bout, ou ceux qui les ont rejoint, Charles, Willy, Eric, Manuel, Victor, Tuan, Gilbert, Alexandre et Thierry, sont fiers d’avoir suivi Maitre Le Conte et l’art de pouvoir « déplacer les montagnes ». Ils ont formé à leur tour une génération de pratiquants qui font honneur à l’école.
Malgré cette maladie tellement difficile, Maitre Le Conte s’est battu, et a reculé grâce à sa famille les limites de la maladie, bien au-delà de ce que pouvait faire la médecine, comme en a témoigné ce weekend le médecin en chef de l’hôpital Brousse à Villejuif.
Maitre Le Conte, quelques heures avant son décès, était conscient, et avait, comme une sorte de provocation à la maladie, lancé un « baroud d’honneur ». Il s’était redressé sur son lit. La télévision de sa chambre diffusait de beaux paysages de printemps du nord arctique. Il avait ouvert les yeux tellement lourds à ouvrir depuis 5 jours, et écoutait avec compassion les derniers messages de ses amis au Vietnam, et notamment ceux de Truong Van Bao et de Phuong Tan, son ami proche. Il avait souri et acquiescé avec ses yeux, car déjà toute sa force lui manquait.
Nous savons que Maitre Le Conte nous a quitté heureux, car il était entouré jusqu’au dernier instants de sa famille, qui l’a accompagné avec amour et tellement de compassion, ses élèves d’Antony, La Rochelle et Montévrain. Ainsi que de messages de ceux qui de loin le saluaient parfois.